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Etre archipel (et rhizomes)

  • Photo du rédacteur: Anne-Gaël Gauducheau
    Anne-Gaël Gauducheau
  • 21 mai
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 22 mai

On ne va pas se mentir: la vie n'est pas un long fleuve tranquille et dans un quartier comme Bellevue qui compte environ  20 000 habitants, des inégalités sociales fortes, un taux de chômage élevé, une grande proportions de femmes élevant seules leurs enfants, une vraie précarité économique...elle est plus difficile qu'ailleurs.


L’image du quartier est parfois déformée, notamment à travers les discours sur l’insécurité ou les tensions sociales, et de récents sondages rapportent les préoccupations des habitants en terme de précarité (financière, sociale, énergétique) et de sécurité... et parfois, les instances qui financent nos actions nous demandent :  "à quoi peut bien servir une équipe artistique dans ces conditions?". Nous répondons: " à nourrir l’humain." Et c’est urgent. La « crise Covid » a mis en évidence une grande fragilité et la nécessité absolue de développer l’humain en nous, entre nous.


Nous croyons et affirmons fermement que la Poésie, l’Imaginaire et la Parole sont de puissants outils de résilience, d’émancipation, de cohésion, de joie.

A côté des solutions politiques et techniques, les questions de précarité, de coût ou de sens de la vie trouveront dans l’action des artistes non pas une solution mais un accompagnement humain  indispensable.



des terres et des lagons


Avec nos actions tout au long de l'année, et singulièrement à l'occasion du festival Héroïnes de 7 lieux, habitant.e.s du quartier, responsables associatives, artistes: nous formons un archipel.

Non pas un bloc compact, mais un ensemble d’îles reliées par l'océan des histoires: celles de fiction et celle du quotidien.

Chacune est autonome et développe sa manière propre d'être au monde, mais le festival est l'occasion de faire du lien — comme les rhizomes dont parlent Deleuze et Gattari.


arbre et rhizome

Le rhizome comme force de résistance

Dans Mille Plateaux, Deleuze et Guattari écrivent que le rhizome est une forme vivante, souple, résiliente, qui pousse sans centre, sans hiérarchie, et se recompose sans cesse malgré les obstacles. Contrairement à un arbre (structure verticale, enracinée, fragile si on touche au tronc), le rhizome résiste mieux aux conditions difficiles:

« Le rhizome résiste à la rupture : il reprend toujours selon une ou plusieurs de ses lignes, et même en cas de catastrophe, il subsiste toujours quelque chose qui reprend, une ligne de fuite, une pousse, un bourgeon. »

Dans le quartier, les habitant.e.s tissent des réseaux invisibles, informels, souvent hors des schémas dominants, et cela forme une force de résistance, d’inventivité, de réinvention permanente.

La Cie La Lune Rousse contribue à ce mouvement de résistance avec les Cercles Conteurs pendant l'année, les sorties de la Bête de Scène l'été et le présent festival.


Ici, pas de racines profondes à creuser, mais des fils à tisser.

Un territoire mouvant, où les récits se propagent, rebondissent, se métissent.

Un "festival-rhizome", où l’on cultive l’art de se relier.

Le festival que nous mettons en œuvre ne pousse pas en ligne droite mais se déploie dans les interstices du quartier, dans les plis du quotidien.

Chaque lieu investi, chaque parole partagée devient un point de connexion, une pousse nouvelle.



« Un rhizome ne commence et ne finit pas, il est toujours au milieu, entre les choses, inter-être, intermezzo. »


Gilles Deleuze & Félix Guattari, Mille Plateaux

 
 
 

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