Nous les conteurs.r.ses, on en avait un peu marre de passer pour des cruches, des benêts, des ignares, des naï.f.ves, voir des collabos du patriarcat, parce qu'on persistait à raconter les contes de fées.
Disqualifié.e.s, qu'on était, pour en parler: on aimait fort les contes et l'amour rend aveugle, c'est bien connu...
Les études des universitaires, ethnologue, anthropologues, psychanalyste Bernadette Bricout, Nicole Belmont, Marie Louise Von Franz, Yvonne Verdier: ignorées ou oubliées.
Et en effet ces temps-ci, les discours qui arrivaient à percer et à être entendus dans l'espace public étaient aussi simple(istes) et réducteurs que des slogans, aussi efficaces aussi. Ca semblait une chose entendue; les contes de fée étaient à jeter ou repeindre.
Leurs détracteu.rices prenaient au mieux Perrault, au pire Disney comme référence unique et échafaudaient là-dessus des avis tranchés sur les supposés stéréotypes de genre dans les contes traditionnels.
Ils-elles ne s'étaient en général pas donné la peine d'étudier vraiment le sujet, parlant "DU" petit chaperon rouge ou "DE LA" belle et la bête comme s'il n'y avait pas mille versions par le monde (et fort différentes!) de ces contes de tradition orale.
Jennifer Tamas (agrégée de Lettres Modernes et prof de littérature française de l’Ancien Régime à Rutgers University du New Jersey) relance la discussion. Et ouf: on l'entend!
Depuis la parutions de son livre 'le non des femmes" où elle propose de relire les classiques à travers un prisme féminin , elle passe à la radio, à la télé et a mille occasions de développer sa pensée et d'être écoutée.
Elle sort ce mois-ci ce petit livret aux éditions de la Martinière (collection Alt). C'est très bien documenté/argumenté: ca fait du bien.
En attendant le livre en cours de rédaction de Karine Mazel sur le sujet (entre autres), mettez-vous ca sous la dent!
L'acheter chez votre libraire le plus proche, ou bien ICI, ou encore pendant le festival des Héroïnes de 7 lieux.
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